100 jours de guerre



Par: Driss Alaoui\
 la résistance palestinienne enregistre plusieurs victoires et l’entité sioniste enchaîne les défai...
Driss Alaoui

Par: Driss Alaoui
la résistance palestinienne enregistre plusieurs victoires et l’entité sioniste enchaîne les défaites

L’histoire de la cause palestinienne est marquée par l’alternance de présences et d’absences sur la scène politique internationale.
Assez souvent, les présences étaient de courte durée et n’arrivaient pas à interpeller et encore moins à altérer l’opinion internationale.
Depuis le 7 octobre, l’alternance cède la place à la permanence, la quête de la connaissance chasse l’ignorance qui a longtemps enveloppé la cause palestinienne, le désespoir recule au profit d’un espoir lumineux et d’une détermination accrue.
La profondeur, la radicalité et la rapidité du changement opéré le 7 octobre ont surpris les prévisionnistes et ont déjoué tous les pronostics.
En effet, le processus de normalisation avec l’entité sioniste et le mythe de la « pacification » du Moyen-Orient ont engendré une certitude chez l’impérialisme américain et ses pions pour programmer en toute tranquillité l’enterrement définitif de la cause palestinienne. Ainsi, le déplacement des Palestiniens, la purification ethnique, l’achèvement de la résistance ont été inscrits dans l’agenda de l’armée d’occupation qui s’apprêtait à passer à l’acte. Ce projet politique expansionniste est indissociable d’un projet économique, lié à la découverte du gaz à Gaza et la construction d’un canal reliant l’Arabie saoudite à Haïfa. L’appui de l’Occident est total qui voyait dans ce projet une sortie de la crise énergétique engendrée par la guerre Ukraine-Russie.
Cependant, les auteurs de ce projet ont commis une erreur fatale en oubliant une variable majeure : le GENIE et le FLAIR de la résistance palestinienne. Le 7 octobre 2023, la résistance a creusé la tombe du projet de liquidation de la cause palestinienne et avec lui le projet économique impérialiste. La leçon magistrale de la résistance que l’Occident n’oubliera jamais est la suivante : en Palestine, on meurt debout.
L’ampleur de la déception et de la surprise ont conduit l’armée de l’occupation et ses associés à réagir émotionnellement, dans la précipitation, sans recul et sans stratégie militaire. L’arrogance de l’entité sioniste et la profondeur de la blessure narcissique occasionnée par Tawafan al Aqsa ont provoqué un déchaînement verbal suivi d'atrocités sans précédent. En considérant les Palestiniens comme des animaux, en menaçant d’utiliser l’arme nucléaire, en proposant une coalition contre le Hamas, en privant la population de l’eau, de l’électricité, de la nourriture et des médicaments…, l’intention génocidaire est donc palpable, elle a été ensuite traduite en acte en assassinant plus de 24 000 Palestiniens.
La deuxième erreur commise par l’entité sioniste réside dans le fait de se considérer au-dessus du droit international et de continuer à agir en toute impunité. Cependant, elle et ses associés avaient, à cause de leur fatuité, totalement oublié que le monde est encore peuplé de citoyens honnêtes, soucieux de l’humain, du respect de ses droits et capables d’agir. C’est dans cette optique que l’Afrique du Sud (ADS) a saisi le 30 décembre 2023 la Cour Internationale de Justice (CIJ) en accusant Israël de violer la convention sur la prévention et la répression du crime de génocide adoptée en 1948. Les plaidoiries l de l’ADS ont été brillantes, implacables et caractérisées par un grand professionnalisme ne laissant à l’accusé aucune échappatoire possible. C’est aussi dans cette perspective qu’une armée d’avocats (environ 680) a déposé une plainte à la Cour Pénale Internationale (CPI) contre Israël pour génocide et crimes de guerre. Pour la première fois dans l’histoire, Israël est sur le banc des accusés : un séisme judiciaire qui s’ajoute au séisme géopolitique du 7 octobre.
Il importe de préciser que tous ceux qui sont associés d’une manière ou d’une autre à l’extermination collective des Palestiniens, le procès d’Israël est aussi le leur. On remarque d’ailleurs que la peur change de camp, la lâcheté prime sur la solidarité de façade, le recours à un langage policé totalement différents de celui utilisé par les médias juste après le 7 octobre…, ce retournement de veste ne se fait pas en vertu de principes moraux, mais par opportunisme et pour se soustraire d’une lourde responsabilité.
Quand l’engagement génère des avantages inférieurs au coût, l’impérialisme occidental est sans pitié. C’est selon cette règle qu’il a lâché l’Ukraine et considère aujourd’hui qu’Israël est devenu un fardeau. Dans la même veine, l’entité sioniste se déchire et des accusations mutuelles quant aux responsabilités des uns et des autres dans la guerre d’extermination animent le conseil de guerre en Israël.
Ces bouleversements ont fait passer la cause palestinienne de la marginalité et de l’oubli à l’axialité. Elle devient ainsi un élément structurant d’un nouvel ordre mondial en devenir et une force instituante. J’ai eu l’occasion dans des réflexions précédentes de mettre en exergue les réalisations historiques de la résistance palestinienne depuis le 7 octobre 2023 ainsi que leurs effets, de par leur exemplarité, sur l’opinion internationale et sur les mouvements de libération dans le monde entier.
Notre ami Yahya avait raison de souligner dans sa réflexion du 30 décembre dernier le caractère cosmique de la résistance palestinienne. Elle est par excellence la mère de toutes les résistances dans le monde, elle ouvre et entretient les voies de l’émancipation, de la libération de l’oppression, de l’occupation et de la peur d’agir. En dépit de certaines limites, elle a réalisé un excédent de la plus-value alors que l’armée d’occupation, autrefois considérée comme imbattable, a détruit ses forces et a anéanti son capital de sympathie.

Pour terminer, l’envie me prend de m’incliner devant l’engagement exemplaire et sans faille de l’Afrique du Sud et du Yémen en faveur de la cause palestinienne. Ils ont, malgré les menaces, amplement honoré ce que disait à juste titre Nelson Mandela « notre liberté est incomplète sans celle des Palestiniens ». Le chemin est maintenant tracé, il incombe à toutes les forces de progrès et à tous les citoyens du monde de l’emprunter. Que l’âme de Mandela repose éternellement en paix.